L’administration Biden, isolée et sous pression, tente de nuancer son soutien à Israël sans se renie
Prendre ses distances sans lâcher la main d’Israël : voilà l’impossible manœuvre qu’entreprend l’administration Biden. Confrontés à un isolement diplomatique criant, les Etats-Unis tentent de nuancer – sans le remettre en question – leur soutien à l’Etat hébreu, alors que la guerre ouverte à Gaza après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a fait quelque 29 000 morts palestiniens, pour l’essentiel des civils. Pour la troisième fois depuis le début de la guerre, Washington a, mardi 20 février, bloqué par son veto un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU, appelant à un cessez-le-feu humanitaire immédiat. Le texte, porté par l’Algérie, était soutenu par treize pays sur quinze, le Royaume-Uni s’abstenant.
« Nous n’étions simplement pas en mesure de soutenir une résolution aujourd’hui qui aurait mis en péril des négociations sensibles », a expliqué mardi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby. Ce dernier faisait référence aux contacts diplomatiques en cours afin d’arracher un cessez-le-feu temporaire de plusieurs semaines à Gaza, en échange d’une libération des otages détenus par le Hamas. Dans ce but, Brett McGurk, conseiller de Joe Biden pour le Moyen-Orient, est attendu de nouveau au Caire mercredi afin de s’entretenir avec le puissant chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel, l’un de ses interlocuteurs principaux. Mardi, Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, se trouvait dans la capitale égyptienne.
Mercredi, Brett McGurk sera aussi en Israël, alors que le pays envisage une offensive militaire dans la région de Rafah, au sud de l’enclave palestinienne, pour parachever son opération terrestre. Après un entretien téléphonique la semaine du 12 février entre Joe Biden et Benyamin Nétanyahou, la Maison Blanche a renouvelé mardi son opposition à une telle offensive. Elle serait « un désastre », a dit le porte-parole, faute de « plan crédible » pour les quelque 1,4 million de réfugiés palestiniens serrés au sud de la bande dans une détresse absolue.
Le président américain, Joe Biden, à Washington, le 12 février 2024. JIM WATSON / AFP